Il s’agit des villages Bilobilo 1 et Bilobilo 2 de la localité BAFIANDA. Pendant des années, les deux villages pourtant voisins, ne partageaient ni les infrastructures routières, scolaires et encore moins sanitaires. Le mauvais concours des circonstances a fait que malheureusement, la seule source d’eau potable aménagée se retrouvait sur le sol du village Bilobilo 1.

« En arrivant à Bafianda, on a toute de suite compris qu’un conflit avait normalisé l’injustice car seule un village pouvait avoir accès aux infrastructures de base et même au terrain de football qui est le seul espace de loisir. Le fait que les deux villages n’avaient pas beaucoup de ménages, nous avons pensé à les fusionner » renseigne le superviseur d’axe Goma à Walikale.

Réunir deux villages ennemis dans une même CAC a été un défi énorme, il eut fallu des démarches avec le chef de la localité. Il a aussi été question de multiplier des rencontres avec les chefs de villages en aparté, les leaders des deux villages pour enfin intégrer la CAC.

Télesphore MUNENA, coordonnateur assistant du projet de résilience BMZ au REMED explique « la première phase du projet a été de faire la cartographie des structures sanitaires et des CAC préexistants, ensuite le briefing des APA qui a permis de faire un plaidoyer pour leurs implications. Cela nous a permis d’avoir l’accompagnement nécessaire pour la médiation du conflit à Bilobilo 1 et 2 et à la fin nous avons eu la CAC unique pour les deux villages ».

Le processus a pris du temps et l’on a pu lire une certaine méfiance entre les membres de la CAC au début de son fonctionnement. Une agricultrice en plein travail dans son champ situé sur le chemin vers la source d’eau a témoigné « C’est un soulagement pour nous tous. L’eau c’est la vie, nous n’avions pas accès à l’eau potable suite au conflit entre nos deux villages. Nous ne nous parlions même plus avec les gens de Bilobilo2. Nous en avons beaucoup souffert. Désormais mes enfants boivent de l’eau saine, que vive la CAC »

Le conflit des villages Bilobilo 1 et 2 a entretenu pendant longtemps l’hostilité entre la population. « J’avais ma parcelle à Bilobilo 2 mais je ne pouvais pas m’y rendre, à cause du conflit je n’avais pas de droit sur ma propre parcelle. Grace à Dieu et au REMED, aujourd’hui ce conflit n’est qu’une triste ancienne histoire, je construis déjà ma maison là-bas et nous sommes en paix » a confié le président de la CAC Bilobilo.

« Je suis de Bilobilo 1, en tant que tel, j’avais tous les avantages, mais je n’avais pas conscience tranquille, j’étais dérangé parce que j’ai aussi de la famille à Bilobilo 2 et eux n’avait rien de tout ça. Que Dieu vous bénisse REMED, grâce à vous je peux visiter ma famille là-bas et on se retrouve ici, à l’école de nos enfants, au centre de santé et la vie me parait moins égoïste » témoignage d’un autre habitant.

Le chapitre des Villages Bilobilo 1 et 2 illustrent à quel point la dynamique et l’engagement communautaire demeurent des approches de choix pour la paix, l’unité et le développement dont des milliers des populations ont besoin pour avancer. Dans des villages en particulier, sans la CAC l’on ne peut aspirer à une communauté de développement continuel.